Lucien Clergue – Corps Mémorable – Paul Eluard Pablo Picasso, & Jean Cocteau Seghers 1957

Orné d’une couverture par Pablo Picasso, Corps mémorable, publié chez Seghers en 1957, réunit douze nus féminins de Lucien Clergue illustrant des poèmes de Paul Éluard. Le poème liminaire de Cocteau, À Clergue pour ses nus, écrit en novembre 1956 à Villefranche, a été adressé à celui que le poète appelle désormais son « cher coq d’Arles ».

Plusieurs rééditions existent aujourd »hui qui n’ont plus rien à voir avec l’original, qui ne comprenait que 12 photos. Vous pouvez trouver ce livre pour 30euros Editions Pierre Seghers, Paris, 1996. Troisième édition, Clergue. 65 pp. par exemple.

 

Lucien Clergue - Corps Mémorable - Paul Eluard Pablo Picasso, & Jean Cocteau Seghers 1957

Lucien Clergue – Corps Mémorable – Paul Eluard Pablo Picasso, & Jean Cocteau Seghers 1957

Lucien Clergue - Corps Mémorable - Paul Eluard Pablo Picasso, & Jean Cocteau Seghers 1957

Lucien Clergue – Corps Mémorable – Paul Eluard Pablo Picasso, & Jean Cocteau Seghers 1957

Lucien Clergue - Corps Mémorable - Paul Eluard Pablo Picasso, & Jean Cocteau Seghers 1957

Lucien Clergue – Corps Mémorable – Paul Eluard Pablo Picasso, & Jean Cocteau Seghers 1957

Lucien Clergue - Corps Mémorable - Paul Eluard Pablo Picasso, & Jean Cocteau Seghers 1957

Lucien Clergue – Corps Mémorable – Paul Eluard Pablo Picasso, & Jean Cocteau Seghers 1957

Corps Mémorable - Paul ELUARD Lucien CLERGUE Pablo PICASSO Seghers 1957

Lucien Clergue – Corps Mémorable – Paul Eluard Pablo Picasso, & Jean Cocteau Seghers 1957

Lucien Clergue - Corps Mémorable - Paul Eluard Pablo Picasso, & Jean Cocteau Seghers 1957

Lucien Clergue – Corps Mémorable – Paul Eluard Pablo Picasso, & Jean Cocteau Seghers 1957

Lucien Clergue - Corps Mémorable - Paul Eluard Pablo Picasso, & Jean Cocteau Seghers 1957

Lucien Clergue – Corps Mémorable – Paul Eluard Pablo Picasso, & Jean Cocteau Seghers 1957

Lucien Clergue - Corps Mémorable - Paul Eluard Pablo Picasso, & Jean Cocteau Seghers 1957

Lucien Clergue – Corps Mémorable – Paul Eluard Pablo Picasso, & Jean Cocteau Seghers 1957

Lucien Clergue - Corps Mémorable - Paul Eluard Pablo Picasso, & Jean Cocteau Seghers 1957

Lucien Clergue – Corps Mémorable – Paul Eluard Pablo Picasso, & Jean Cocteau Seghers 1957

“Rien ne ressemble davantage à quelque paysage de chair et d’écume, terrible et délicieux »

Lucien Clergue – Nu de la mer, 1959. & Jean Cocteau , “Rien ne ressemble davantage à quelque paysage de chair et d’écume, terrible et délicieux », La Naissance de Vénus 1959 dédicacé à Lucien Clergue. ( photographie de  Lucien Clergue – in Corps Mémorable – Seghers 1957, dedicacéé par Cocteau)

Paul Eluard ( Poésie) & Karel Teige ( Photomontage) – La Rose publique , 1964

 

Karel Teige - Paul Eluard - La Rose publique

Paul Eluard ( Poésie)   & Karel Teige ( Photomontage)  – La Rose publique , 1964 (traduit en tchèque par Veřejná růže)

Karel Teige - Paul Eluard - La Rose publique

Paul Eluard ( Poésie)   & Karel Teige ( Photomontage)  – La Rose publique , 1964 (traduit en tchèque par Veřejná růže)

Karel Teige - Paul Eluard - La Rose publique

Paul Eluard ( Poésie)   & Karel Teige ( Photomontage)  – La Rose publique , 1964 (traduit en tchèque par Veřejná růže)

Le temps déborde , 1947 par Paul Eluard – Photographies Dora Maar & Man Ray. Ed° es Cahiers d’Art, Paris

Ouvrage publié sous le pseudonyme de Didier Desroches, Cet ouvrage, le seul comportant ce pseudonyme de l’auteur utilisé une seule fois par Paul Eluard, fut publié suite au décès de Nusch , illustré de 11 photographies de Nusch par Dora Maar et Man Ray. Dans tous les poèmes du recueil Eluard revient sur les dix-sept années de vie commune qui se sont brusquement interrompues. Notre vie est le poème le plus connu du recueil, celui où la mort de Nush est aussi la sienne. La vie avec Nush ne faisait qu’un avec l’emploi de ce possessif notre. Si le second terme est vie, le mot qui revient comme une obsession dans ce poème est la mort
collection Luc Decaunes, gendre de Paul Eluard.


Notre vie tu l’as faite elle est ensevelie
Aurore d’une ville un beau matin de mai
Sur laquelle la terre a refermé son poing
Aurore en moi dix-sept années toujours plus claires
Et la mort entre en moi comme dans un moulin
Notre vie disais-tu si contente de vivre
Et de donner la vie à ce * que nous aimions
Mais la mort a rompu l’équilibre du temps
La mort qui vient la mort qui va la mort vécue
La mort visible boit et mange à mes dépens
Morte visible Nush invisible et plus dure
Que la soif et la faim à mon corps épuisé
Masque de neige sur la terre et sous la terre »
Sources des larmes dans la nuit masque d’aveugle
Mon passé se dissout je fais place au silence.

Dora Marr – Nush Rluard Le temps déborde , 1947 par Paul Eluard – Photographies Dora Maar & Man Ray. Ed° es Cahiers d’Art, Paris

Dora Marr- Nush Eluard , Le temps déborde , 1947 par Paul Eluard - Photographies Dora Maar & Man Ray. Ed° es Cahiers d’Art, Paris

Man Ray– Nush Eluard , Le temps déborde , 1947 par Paul Eluard – Photographies Dora Maar & Man Ray. Ed° es Cahiers d’Art, Paris

 

Man Ray- Nush Eluard Le temps déborde , 1947 par Paul Eluard - Photographies Dora Maar & Man Ray. Ed° Les Cahiers d’Art, Paris

Man Ray- Nush Eluard Le temps déborde , 1947 par Paul Eluard – Photographies Dora Maar & Man Ray. Ed° Les Cahiers d’Art, Paris

Man Ray- Nush Eluard, Le temps déborde , 1947 par Paul Eluard - Photographies Dora Maar & Man Ray. Ed° es Cahiers d’Art, Paris

Man Ray- Nush Eluard, Le temps déborde , 1947 par Paul Eluard – Photographies Dora Maar & Man Ray. Ed° Les Cahiers d’Art, Paris

Man Ray- Nush Eluard Le temps déborde , 1947 par Paul Eluard - Photographies Dora Maar & Man Ray. Ed° es Cahiers d’Art, Paris 1

Dora Maar- Nush Eluard Le temps déborde , 1947 par Paul Eluard – Photographies Dora Maar & Man Ray. Ed° Les Cahiers d’Art, Paris

Paul Eluard

I

Les fruits du jour couvés par la terre
Une femme une seule ne dort pas
Les fenêtres sont couchées.

II
Une femme chaque nuit
Voyage en grand secret

III
Villages de la lassitude
Où les filles ont les bras nus
Comme des jets d’eau
La jeunesse grandit en elle
Et rit sur la pointe des pieds
Villages de la lassitude
Où tous les êtres sont pareils

IV
Pour voir les yeux où l’on s’enferme
Et les rires où l’on prend place

V
Des insectes entrent ici
Ombres grésillantes du feu
Une flamme toute rouillée
Éclabousse le sommeil
Son lit de chair et ses vertus.


VI
Je veux t’embrasser je t’embrasse
Je veux te quitter tu t’ennuies
Mais aux limites de nos forces
Tu revêts une armure plus dangereuse qu’une arme

(…)

VIII
Le corps et les honneurs profanes
Incroyable conspiration 
Des angles doux comme des aigles

– Mais la main qui me caresse 
C’est mon rire qui l’ouvre
C’est ma gorge qui la retient
Qui la supprime

Incroyable conspiration
Des découvertes et des surprises.

IX
Fantôme de ta nudité
Fantôme enfant de ta simplicité
Dompteur puéril sommeil charnel
De libertés imaginaires.

X

Plume d’eau claire pluie fragile

Fraîcheur voilée de caresses

De regards et de paroles

Amour qui voile ce que j’aime.

XI
A ce souffle à ce soleil d’hier
Qui joint tes lèvres
Cette caresse toute fraîche 
Pour courir les mers légères de ta pudeur
Pour en façonner dans l’ombre
Les miroirs du jasmin
Le problème du calme.

XII
Une chanson de porcelaine bat des mains

Puis en morceaux mendie et meurt

Tu te souviendras d’elle pauvre et nue

Matin des loups et leur morsure est un tunnel

D’où tu sors en robe de sang

À rougir de la nuit

Que de vivants à retrouver

Que de lumières à éteindre

Je t’appellerai Visuelle
.
Et multiplierai ton image.

XIII
Désarmée
Elle ne se connaît plus d’ennemis

XIV
Rôdeuse au front de verre

Son cœur s’inscrit dans une étoile noire

Ses yeux montrent sa tête

Ses yeux sont la fraîcheur de l’été

La chaleur de l’hiver

Ses yeux s’ajourent rient très fort

Ses yeux joueurs gagnent leur part de clarté.

XV
Elle s’allonge
Pour se sentir moins seule.

(…)

XVII
J’admirais descendant vers toi
L’espace occupé par le temps
Nos souvenirs me transportaient.

Il te manque beaucoup de place
Pour être toujours avec moi.

XVIII
Déchirant ses baisers et ses peurs

Elle s’éveille la nuit

Pour s’étonner de tout de qui l’a remplacée.

XIX
Au quai de ces ramures

Les navigateurs ne prospèrent pas

Paupières abattues par l’éclat l’écho du feu

Au quai des jambes nues

Perçant le corps dans l’ombre sourde

La trace des tentations s’est perdue.



Les fleuves ne se perdent qu’au pays de l’eau

La mer s’est effondrée sous son ciel de loisirs

Assise tu refuses de me suivre

Que risques-tu l’amour fait rire la douleur

Et crier sur les toits l’impuissance du monde.


La solitude est fraîche à ta gorge immobile

J’ai regardé tes mains elles sont semblables

Et tu peux les croiser

Tu peux t’attacher à toi-même


C’est bien — puisque tu es la seule je suis seul.

XX
Une prison découronnée

En plein ciel

Une fenêtre enflammée

Où la foudre montre ses seins

Une nuit toute verte

Nul ne sourit dans cette solitude

Ici le feu dort tout debout
À travers moi.



Mais ce sinistre est inutile

Je sais sourire

Tête absurbe

Dont la mort ne veut pas dessécher les désirs

Tête absolument libre

Qui gardera toujours et son regard et son sourire.



Si je vis aujourd’hui

Si je ne suis pas seul

Si quelqu’un vient à la fenêtre

Et si je suis cette fenêtre

Si quelqu’un vient

Ces yeux nouveaux ne me voient pas

Ne savent pas ce que je pense

Refusent d’être mes complices


Et pour aimer séparent.

(…)

XXII
Derrière moi mes yeux se sont fermés

La lumière est brûlée la nuit décapitée

Des oiseaux plus grands que les vents

Ne savent plus où se poser.



Dans les tourments infirmes dans les rides des rires

Je ne cherche plus mon semblable

La vie s’est affaissée mes images sont sourdes

Tous les refus du monde ont dit leur dernier mot

Ils ne se rencontrent plus ils s’ignorent

Je suis seul je suis seul tout seul

Je n’ai jamais changé.

Paul Eluard in L’univers solitude

Paul Éluard , Du fond de l’abîme

Il n’étaient pas fous les mélancoliques
ils étaient conquis digérés exclus
par la masse opaque
des monstres pratiques

avaient leur âge de raison les mélancoliques
l’âge de la vie
ils n’étaient pas là au commencement
à la création
ils n’y croyaient pas
et n’ont pas su du premier coup
conjuguer la vie et le temps
le temps leur paraissait long
la vie leur paraissait courte
et des couvertures tachées par l’hiver
sur des coeurs sans corps sur des coeurs sans nom
faisaient un tapis de dégoût glacé
même en plein été

Paul Éluard , Du fond de l’abîme

Paul Eluard -L’amoureuse & Man Ray

Elle est debout sur mes paupières

Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s’engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s’évaporer les soleils
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.

Paul Eluard, L’amoureuse , In Capitale de la Douleur, 1923

   nusch et paul éluard (man ray).

nusch et paul éluard (man ray).