« Il me dit que je suis son seul amour, et c’est ça qu’il doit dire et c’est ça qu’on dit quand on laisse le dire se faire, quand on laisse le corps faire et chercher et trouver et prendre ce qu’il veut, et là tout est bon, il n’y a pas de déchet, les déchets sont recouverts, tout va dans le torrent, dans la force du désir. »
Marguerite Duras, L’Amant , Éd.• de Minuit, 1984
Archives de Catégorie: Ecrivain
André Breton- Autoportrait L’écriture automatique, vers 1938 & Les pas perdus coagulent
“Je n’aime bien entendu, que les choses inaccomplies, je ne me propose rien tant que de trop embrasser.
L’étreinte, la domination seule sont des leurres.
Et c’est assez, pour l’instant, qu’une si jolie ombre danse au bord de la fenêtre par laquelle je vais recommencer chaque jour à me jeter.”André. Breton – Les pas perdus coagulent
Jack Kerouac, East 7th Street, New York, 1953. Silver gelatin by Allen Ginsberg

Jack Kerouac, East 7th Street, New York, 1953. Silver gelatin by Allen Ginsberg
“Jack Kerouac wandering along East 7th Street after visiting Burroughs at our pad, passing statue of Congressman Samuel “Sunset” Cox, “The Letter-Carrier’s Friend” in Tompkins Square toward corner of Avenue A, Lower East Side; he’s making a Dostoyevsky mad-face or Russian basso be-bop Om, first walking around the neighborhood, then involved with The Subterraneans, pencils & notebook in wool shirt-pockets, Fall 1953, Manhattan.” – Source
William S. Burroughs, Manhattan, New York, 1953 by Allen Ginsberg

William S. Burroughs, Manhattan, New York, 1953 by Allen Ginsberg “We went uptown to look at Mayan Codices at Museum of Natural History & Metropolitan Museum of Art to view Carlo Crivelli’s greenhued Christ-face with crown of thorns stuck symmetric in his skull—here Egyptian wing William Burroughs with a brother Sphinx, Fall 1953 Manhattan.”
Brion Gysin- ‘Danger Series’ – Portrait of William Burroughs in front of the Théâtre Odeon , (Naked Lunch series), Paris Octobre 1959
Brion Gysin- ‘Danger Series’ – Portrait of William Burroughs in front of the Théâtre Odeon , (Naked Lunch series), Paris Octobre 1959
Antonin Artaud, Héliogabale ou l’Anarchiste Couronné, 1979
« Il y a des pierres noires en forme de verge d’homme, et un sexe de femme ciselé dessous. Et ces pierres sont des vertèbres dans des coins précieux de la terre. Et la pierre noire d’Emèse est la plus grosse de ces vertèbres, la plus pure, et la plus parfaite aussi.
Mais il y a des pierres qui vivent, comme des plantes ou des animaux vivent, et comme on peut dire que le Soleil, avec ses tâches qui se déplacent, se gonflent et se dégonflent, bavent les unes sur les autres, rebavent et se redéplacent, — et quand elles se gonflent ou se dégonflent, le font avec rythme et de l’intérieur, — comme on peut dire que le soleil vit. Les taches naissent en lui comme un cancer, comme les bubons effervescent d’une peste. Il y a là-dedans de la matière pulvérisée et qui se ramasse, — comme des morceaux de soleil concassés mais noirs. Et, mis en poudre, ils occupent moins de place ; et c’est pourtant le même soleil et la même étendue et quantité de soleil, mais éteint par places, et qui rappelle alors le diamant et le charbon. Et tout cela vit ; et l’on peut dire que DES pierres vivent ; et les pierres de la Syrie vivent, comme des miracles de la nature, car ce sont des pierres lancées par le ciel. »
Antonin Artaud, Héliogabale ou l’Anarchiste Couronné, 1979
David Chon
“Je n’aime bien entendu, que les choses inaccomplies, je ne me propose rien tant que de trop embrasser.
L’étreinte, la domination seule sont des leurres.
Et c’est assez, pour l’instant, qu’une si jolie ombre danse au bord de la fenêtre par laquelle je vais recommencer chaque jour à me jeter.”
André Breton – Les pas perdus coagulent
Georges Bataille – Madame Edwarda
« De mon hébétude, une voix, trop humaine, me tira. La voix de Mme Edwarda, comme son corps gracile, était obscène :
– Tu veux voir mes guenilles ? disait-elle
Les deux mains agrippées à la table, je me tournai vers elle. Assise, elle maintenait haute une jambe écartée : pour mieux ouvrir la fente, elle achevait de tirer la peau des deux mains. Ainsi les « guenilles » d’Edwarda me regardaient, velues et roses, pleines de vie comme une pieuvre répugnante. Je balbutiai doucement :
– Pourquoi fais-tu cela ?
– Tu vois, dit-elle, je suis DIEU…
– Je suis fou…
– Mais non, tu dois regarder : regarde !
Sa voix rauque s’adoucit, elle se fit presque enfantine pour me dire avec lassitude, avec le sourire infini de l’abandon : « Comme j’ai joui ! »
Mais elle avait maintenu sa position provocante. Elle ordonna :
– Embrasse !
– Mais…, protestai-je, devant les autres ?
– Bien sûr !
Je tremblais : je la regardais, immobile, elle me souriait si doucement que je tremblais. Enfin, je m’agenouillai, je titubai, et je posai mes lèvres sur la plaie vive. Sa cuisse me caressa mon oreille : il me sembla entendre un bruit de houle, on entend le même bruit en appliquant l’oreille à de grandes coquilles. Dans l’absurdité du bordel et dans la confusion qui m’entourait (il me semble avoir étouffé, j’étais rouge, je suais), je restai suspendu étrangement, comme si Edwarda et moi nous étions perdus dans une nuit de vent devant la mer. »
Georges Bataille ( sous le pseudonyme de Pierre Angélique) – Madame Edwarda (extrait) (Édition du Solitaire [Robert Chatté], 1937 [1941] ; nouvelle version revue par l’auteur, et enrichie de trente gravures par Jean Perdu (Chez le Solitaire [Georges Blaizot], 1942 ; préface de Georges Bataille, Jean-Jacques Pauvert, 1956).
Antonin Artaud, Marseille,France 1924
Jack Kerouac
“Ma garce de vie s’est mise à danser devant mes yeux, et j’ai compris que quoi qu’on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie.”
Jack Kerouac.
Collage de Marcel Mariën réalisé sur la couverture de la première édition d’André Breton, Nadja 1928 collage
Albert Camus
”L’ombilic des Limbes », Le pèse nerfs, Antonin Artaud
DEUXIÉME LETTRE DE MÉNAGE
« J’ai besoin, à côté de moi, d’une femme simple et équilibrée, et dont l’âme inquiète et trouble ne fournirait pas sans cesse un aliment à mon désespoir. Ces derniers temps, je ne te voyais plus sans un sentiment de peur et de malaise. Je sais très bien que c’est ton amour qui te fabrique tes inquiétudes sur mon compte, mais c’est ton âme malade et anormale comme la mienne qui exaspère ces inquiétudes et te ruine le sang. Je ne veux plus vivre auprès de toi dans la crainte. J’ajouterai à cela que j’ai besoin d’une femme qui soit uniquement à moi et que je puisse trouver chez moi à toute heure. Je suis désespéré de solitude. Je ne peux plus rentrer le soir, dans une chambre, seul, et sans aucune des facilités de la vie à portée de ma main. Il me faut un intérieur, et il me le faut tout de suite, et une femme qui s’occupe sans cesse de moi qui suis incapable de m’occuper de rien, qui s’occupe de moi pour les plus petites choses. Une artiste comme toi a sa vie, et ne peut pas faire cela. Tout ce que je te dis est d’un égoïsme féroce, mais c’est ainsi. Il ne m’est même pas nécessaire que cette femme soit très jolie, je ne veux pas non plus qu’elle soit d’une intelligence excessive, ni surtout qu’elle réfléchisse trop. Il me suffit qu’elle soit attachée à moi. Je pense que tu sauras apprécier la grande franchise avec laquelle je te parle et que tu me donneras la preuve d’intelligence suivante : c’est de bien pénétrer que tout ce que je te dis n’a rien à voir avec la puissante tendresse, l’indéracinable sentiment d’amour que j’ai et que j’aurai inaliénablement pour toi, mais ce sentiment n’a rien à voir lui-même avec le courant ordinaire de la vie. Et elle est à vivre, la vie. Il y a trop de choses qui m’unissent à toi pour que je te demande de rompre, je te demande seulement de changer nos rapports, de nous faire chacun une vie différente, mais qui ne nous désunira pas. »
Extrait de”L’ombilic des Limbes, Le pèse nerfs, Antonin Artaud
Marguerite Duras
Jean Cocteau , Orphée
« Je vous livre le secret des secrets.
Les miroirs sont les portes pour lesquelles la mort va et vient.
Ne le dites à personne.
Au reste regardez-vous toute votre vie dans une glace et
vous verrez la Mort travailler comme des abeilles dans une ruche de verre. »
Jean Cocteau in, Orphée







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