Cette notoriété américaine, il la doit à ses photographies de mode et publicitaires, qu’il réalise à New York pendant les années 1940-1960, dans son studio situé au Central Park South, mais aussi à son image d’européen cultivé : cette manière si particulière de doter la photographie de « capacités d’absorption et d’amour de l’art » (Harper’s Bazaar , 1941). Intrigué, attiré par ce nouveau langage, qu’est la couleur, etencouragé par Vogue , Erwin va rapidement jouer avec le Kodachrome. Il trouve là le moyen de citer les grands peintres, ses références, Manet, Vermeer…et en savant provocateur aussi, il se plait à prendre le contre-pied des conventions par des mises en scène d’un kitsh provocateur, en faisant le choix de couleurs inattendues, aux limites du bon goût, participant à fonder par cette transgression, l’identité colorée de son pays d’adoption.Si la biographie européenne d’Erwin Blumenfeld est connue – l’errance d’un créateur, juif berlinois d’origine, son séjour à Amsterdam (1930), son expérience fondatrice des avant-gardes parisiennes – , on sait peu de choses sur la période américaine et les activités de l’atelier new-yorkais. voir ici Biographie . Car contrairement à l’idée reçue, c’est dès 1936 qu’il se lance dans la photographie de mode.
Tiraillé entre son désir de s’exprimer en tant qu’artiste et la réalité économique, Erwin Blumenfeld dit cependant être persuadé de pouvoir faire entrer « l’art en contrebande » dans le commerce. Les relations de confiance nouées avant-guerre avec les directeurs artistiques du magazine Vu , Alexandre Brodovitch et Alexandre Liberman, vont lui laisser cependant quelques espaces de liberté et de création. Ce qui n’est pas si simple quand produits de beauté, vêtements, et accessoires, constituent l’ordinaire de la production du studio. Il n’hésite pas à puiser dans son stock d’images fétiches, dans l’histoire de l’art, dans les nouveautés techniques, pour mieux masquer la banalité du produit. Il sait aussi plus simplement s’appuyer sur ses qualités graphiques, sur son intérêt pour la forme vestimentaire, et sur sa fascination pour le corps féminin pour rendre compte non seulement d’une texture ou d’une coupe mais aussi des potentialités géométriques et colorées de la mode féminine.
Cette période américaine a fait la réputation d’Erwin Blumenfeld et restera avant tout dans son œuvre comme le moment de la découverte, de la fascination et de la mise en valeur de la couleur.
Biographie et plus de photographies ici
![Erwin Blumenfeld- Trois profils. Variante de la photographie parue dans l’article Color and lighting[Couleur et éclairage], de Photograph Annual 1952](https://lapetiitemelancolie.files.wordpress.com/2013/01/erwin-blumenfeld-trois-profils-variante-de-la-photographie-parue-dans-l_article-color-and-lightingcouleur-et-c3a9clairage-de-photograph-annual-1952.jpg?w=549&h=700)
Erwin Blumenfeld- Trois profils. Variante de la photographie parue dans l’article Color and lighting[Couleur et éclairage], de Photograph Annual 1952
Livre à lire sur le sujet « Blumenfeld Studio, Couleur, New York, 1941-1960 », Ed° Steidl, 2012
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