Daniel Masclet (French, 1892-1969)

 » Il y a de la beauté partout », proclamait Daniel Masclet (1892-1969), photographe ,  critique et éditeur, son travail a été exposé dans de nombreuses expositions en France et à l’étranger à partir de 1927.

Violoncelliste professionnel, Masclet fait ses débuts en photographie en assistant le grand Baron de Meyer. En effet, tôt dans sa carrière, Masclet a été présenté par Robert Demachy  au Baron Adolph de Meyer, qu’il a aidé au « Harper Bazaar ». Sous la coupe de Meyer, Masclet appris une variété de techniques d’éclairage et le potentiel artistique du portrait. Il a également fait des tirages pour de Meyer,qui exigeait de la qualité d’impression d’exception. il apprendra beaucoup auprès de lui, pourtant il s’éloigne assez vite du style pictoraliste de son mentor  pour exceller dans le portrait et la nature morte de la nouvelle photographie des années 30 et produit ses brillants portraits, ( George Wague, Carlègle,  Ginette d’Yd ,  Mona Païva et bien d’autres). Il se consacre aussi aux natures mortes produisant d’étonnantes compositions superbement tirées qui annoncent la nouvelle vision photographique de la fin des années 20, un peu à la  Joseph Sudek. Il a par ailleurs, un attrait pour le paysage urbain et photographie Paris, ses quais de Seine, ses vieilles rues du Marais et de l’Ile Saint-Louis. Je n’aborderai pas cette aspect de son œuvre.

Masclet fût également membre du ‘ Groupe des XV’ dont nous avons dejà parlé ici, ( de grands photographes français de l’époque   comme Marcel Bovis, Robert Doisneau, René-Jacques, Pierre Jahan, Willy Ronis et Emmanuel Sougez). Il a cherché à promouvoir et à préserver l’art de la photographie française.

Masclet a ensuite fondé le Club des 30 x 40  à Paris, qui a soutenu les jeunes photographes,et présentant le travail de grands photographes américains. Il a été commissaire des expositions de travaux d’Edward Weston ainsi que Bérénice Abbott. La révélation sera pour Masclet  la découverte du travail de Edward Weston où il se reconnaît dans la devise de l’Américain, pour lequel la photographie doit être «honnête, droite […], utilisée dans sa pureté».
Masclet saisit le monde quotidien qui l’entoure, s’intéresse aux matières, se promène dans Paris et se passionne pour la photo de rue en saisissant tous les petits instants du quotidien. Entre les années trente et cinquante, Daniel Masclet est avec Emmanuel Sougez et Lucien Lorelle le personnage central de la photographie en France

Masclet a amoureusement photographié sa femme Francesca tout au long de sa carrière. Ses premiers portraits d’elle, qui sont souvent à la fois sensuelle et androgyne, remettent en question les rôles traditionnels. Sans accessoires ni retouches, il photographiera pendant cinquante ans sa femme Francesca.
L’artiste et sa muse, feront une union efficace, pourtant issue d’un mariage arrangé en pleine Première Guerre mondiale.

Son travail a été exposé dans de nombreuses expositions en France et à l’étranger à partir de 1927
Il a également collaboré avec le photographe allemand Otto Steinert et a participé  en tant que professeur  à la  « Subjektive Fotografie 1 et 2 » dirigé par ce dernier.

c’est aussi pour son travail d’éditeur que daniel masclet est connu, d’ailleurs on lui attribue à tord bon nombres de photographies qu’il a éditées dans … par exemple.

« II y a dans le visage humain quelque chose de transcendant. Pour le photographier, les outils n’ont pas une importance prépondérante et la technique elle-même ne compte guère. Ce qui compte avant tout, c’est celle ou celui qui se tient derrière la caméra avec son cerveau, son œil et son cœur. Le cerveau qui doit penser, peser, juger, imaginer, réfléchir, inventer … L’œil qui doit regarder, voir, toucher, découvrir, écouter, enregistrer … Le cœur qui doit sentir et aimer … On réussit un bon portrait quand on a la passion et l’instinct des visages, et il est beau quand le photographe l’a tiré du néant à l’exact instant de plus claire signification.  […..].

Un visage humain doit être senti, aimé, adoré… non examiné!…Alors, l’étincelle jaillira des deux pôles: le pôle positif, le modèle; le pôle négatif, le photographe. Et dans cet ordre… la sympathie, la compréhension surgiront de la caresse des deux regards, et le photographe et le modèle, chacun faisant la moitié du chemin l’un vers l’autre se rapprocheront, entreront en communication et s’uniront, à l’intérieur de cette petite chambre, noire, mystérieuse et magique, où de leur rencontre naîtra l’image… L’acte de connaissance sera remplacé par l’acte d’amour. » Daniel Masclet In  Réflexion sur le portrait en photographie, Photorevue,  Editions De Francia , 1971

Je vous présente donc avant tout Les portraits réalisés par Masclet et notamment ceux de Francesca et  comme d’habitude quelque nus…

Un livre à Lire  Daniel Masclet: Photographe Critique théoricien »(Marval, 2001),  par Christian Bouqueret. Acheter ses livres à des prix corrects [d’occasions ],voir sa bibliographie tout simplement,Ici

Daniel Masclet- Doris, 1933

Daniel Masclet- Doris, 1933

Daniel Masclet-Nu sans titre, 1926 1

Daniel Masclet-Nu sans titre, 1926

Daniel Masclet-Nu sans titre, 1926

Daniel Masclet-Nu sans titre, 1926

Daniel Masclet-Nu , 1928

Daniel Masclet-Nu , 1928

Daniel Masclet- Nu (Mademoiselle O.J.), 1926.

Daniel Masclet- Nu (Mademoiselle O.J.), 1926.

Daniel Masclet – Mona Paiva , photogravure, 1933

Daniel Masclet – Mona Paiva , photogravure, 1933

Daniel Masclet-Nu feminin allongé de dos, vers 1930

Daniel Masclet-Nu feminin allongé de dos, vers 1930

Daniel Masclet- Les yeux clos, 1929

Daniel Masclet- Les yeux clos, 1929

Daniel Masclet Portrait de Francesca Masclet, 1927

Daniel Masclet Portrait de Francesca Masclet, 1927

Daniel Masclet – Fantaisie orientale 1927

Daniel Masclet – Fantaisie orientale 1927

Daniel Masclet- Hindustan 1927

Daniel Masclet- Hindustan 1927

Daniel Masclet- Francesca Masclet, vers 1927

Daniel Masclet- Francesca Masclet, vers 1927

Daniel Masclet- Portrait de Francesca Masclet, vers 1927

Daniel Masclet- Portrait de Francesca Masclet, vers 1927

Daniel Masclet- Grisaille, 1927

Daniel Masclet- Grisaille, 1927

Daniel Masclet-Femme au foulard , (Francesca), 1927

Daniel Masclet-Femme au foulard , (Francesca), 1927

Daniel Masclet- Untitled, ( Model, his wife Francesca) ,1926

Daniel Masclet- Untitled, ( Model, his wife Francesca) ,1926

Daniel Masclet-Ma Femme (Francesca), 1927

Daniel Masclet-Ma Femme (Francesca), 1927

Daniel Masclet- Portrait de Francesca Masclet, 1927

Daniel Masclet- Portrait de Francesca Masclet, 1927

Daniel Masclet-Le grain de beaute, 1929

Daniel Masclet-Le grain de beaute, 1929

Daniel Masclet- Portrait de Francesca Masclet, vers 1937

Daniel Masclet- Portrait de Francesca Masclet, vers 1937

Daniel Masclet- Portrait de Francesca Masclet, vers 1939

Daniel Masclet- Portrait de Francesca Masclet, vers 1939

Daniel Masclet- Portrait solarisé de Francesca Masclet, 1935

Daniel Masclet- Portrait solarisé de Francesca Masclet, 1935

Daniel Masclet- portrait de Francesca, 1928

Daniel Masclet- portrait de Francesca, 1928

Raoul Ubac (1910 – 1985)

Raoul Ubac( Rudolf Gustav Maria Ernst Ubach )  passe sa petite enfance en Allemagne,mais dès 1919,  il devient citoyen belge. Il se destinait à un tout autre metier que celui de photographe, peintre, collagiste, d’artiste en somme, puisqu’il avait pour projet de devenir agent des eaux et forêts. Il entreprend, à pieds, de nombreux voyages à travers l’Europe, en Italie, Suisse et Autriche.

Il découvre ,le premier « Manifeste du surréalisme » d’André Breton par le biais d’un professeur du secondaire. Connaissant dejà Paris  il y revient en 1930 où sur les conseils de ses parents il s’inscrit à la Sorbonne. c’est à partir de ce moment  que Raoul Ubac noue des contacts avec les surréalistes, fréquente les ateliers de Montparnasse, fait la connaissance de Camille Bryen  d’Otto Freundlich, André Breton et fréquente le milieu surréaliste.

Otto Freundlich lui conseille alors de se rendre à Cologne où il s’inscrit à l’École d’arts appliqués et travaille le dessin et la photographie, il y rencontrera  Agathe Schmidt, (Agui)  jeune allemande avec qui il se mariera à Ixelles en 1939 et qui sera le support de nombreux de ces travaux photographique et de photomontages. ( voir Ici dans cet articles des portraits et nus d’elles, et  des photomontages réalisés à partir de photographies d’elle)

Grâce à son travail à l’ecole d’art,  Ubac expérimente en photographie des procédés de brûlage, de solarisation et de pétrification et expose en 1933 à Paris le résultat des ses recherches. Il s’essaie et collabore à tous types de projets. Avec Camille Bryen (poète), par exemple, il publie en 1934, sous le nom de Raoul Michelet un recueil de poèmes et de photographies. ( voir photographie si dessous) Avec Bryen encore, il dépose des « objets dans les endroits les plus inattendus », affiche « des poèmes et images sur les murs » et participe aux activités des surréalistes. Il côtoie Hans Bellmer, Victor Brauner, Benjamin Péret et Raoul Hausmann .

À partir de 1936, il s’engage dans une série de photographies autour du « Combat de Penthésilée » (la Reine des Amazones et Achille) pour lesquelles il combine de multiples procédés : association des négatifs, surimpression et solarisation, superposition ou décalage du négatif et du positif, qui donne une impression de pétrification, soufflage, fumage, brûlage ou voilage du cliché. Souvent, il réutilise des fragments de nus de ses deux modèles, Agui comme nous l’avons précédemment mentionné  mais aussi  Marthe (la femme de Paul Nougé) .

Certaines de ses photographies sont publiées dans la revue surréaliste « Minotaure » comme «Agui dans le miroir au tain endommagé, 1938 ( voir ci dessous) .

Il apprend également la gravure dans l’atelier de Stanley Hayter et se lie avec Roger Gilbert-Lecomte.

Pour l’Exposition internationale du surréalisme à l’École des Beaux-Arts de Paris (janvier 1938), André Breton lui commande la photographie des mannequins exposés. Y sont également présentés deux photomontages : « La Chambre » et « La Rue derrière la gare ». C’est un des travail assez connu d’Ubac.

En 1940, Raoul Ubac fonde avec René Magritte la revue » L’Invention collective »  qui ne connaîtra que deux numéros. Y participent notamment André Breton, Achille Chavée, Fernand Dumont, Irène Hamoir, Marcel Lecomte, Marcel Mariën et Louis Scutenaire . Au début de la seconde guerre mondiale, Raoul et Agui Ubac, en compagnie des Magritte, de Scutenaire et d’Irène Hamoir, quittent Bruxelles, puis Paris pour Carcassonne (Aude) où demeure Joë Bousquet .

En 1941, Raoul Ubac revient à Bruxelles où il présente une exposition de photographies dont le catalogue est préfacé par Paul Nougé. La galerie est fermée sur ordre des occupants. Ayant fait la connaissance du poète Jean Lescure qui la dirige, il collabore activement à la revue Messages, où il rencontre Paul Éluard, Raymond Queneau et André Frénaud, qui ne cessera d’accompagner amicalement son travail. En 1942, il illustre Exercice de la pureté de Jean Lescure ( cf une photo ci dessous)  puis abandonne la photographie après la guerre et s’éloigne petit à petit du surréalisme.

En 1946 il commence à graver, réalise des gouaches sur le thème des Têtes.  son ami Jean Lescure lui ayant fait connaître Bazaine et ses amis non figuratifs, leurs recherches sur les formes et les couleurs l’aident, dit-il, « à faire l’effort d’aborder ces problèmes sans passer par les phantasmes » dont il avait été tributaire. Raoul Ubac aborde à nouveau la peinture, à l’œuf, pour une série non figurative de Personnages couchés dans des lumières sourdes. Il illustre en 1948 la couverture de Voir, recueil de Paul Éluard dont un poème lui est dédié.

À partir de 1951, la galerie Aimé Maeght expose régulièrement ses gouaches et ses toiles, Dans les années 1960, ses peintures, sur panneaux recouverts de résines amalgamées, réalisent une synthèse et un épanouissement, autour des thèmes des Labours et des Sillons, des Corps et des Torses, du double travail qu’il poursuivra jusqu’à sa mort. En 1968 une rétrospective de son œuvre est présentée à Bruxelles et au Musée d’art moderne de Paris. Ubac reçoit en 1973 le grand prix national des arts.

On doit à Raoul Ubac plusieurs ensembles de vitraux ainsi que des reliefs, haut-reliefs, décors muraux et maquettes de tapisseries pour des édifices publics et privés. Ubac a également illustré de ses dessins, gravures et lithographies une trentaine de livres et est l’auteur de la couverture de la revue Argile publiée chez Maeght de 1973 à 1981.

Raoul Ubac - Portrait d'Agui ( Sa Femme ) ,1932

Raoul Ubac – Portrait d’Agui ( Sa Femme ) ,1932 © Adagp, Paris

Raoul Ubac- Chevelure d'Agui, vers 1933

Raoul Ubac- Chevelure d’Agui, vers 1933 © Georges Meguerditchian  © Adagp, Paris

Raoul Ubac – Agui au miroir au tain endommagé vers 1933 © Georges Meguerditchian © Adagp, Paris

Raoul Ubac - Portrait d'Agui ( Sa Femme )

Raoul Ubac – Portrait ( semble être celui d’Agui Sa Femme ), vers 1933  © Adagp, Paris

Raoul Ubac – Le Nu couché, 1939 , solarisation ( modèle Agui) © Jacques Faujour © Adagp, Paris

Raoul Ubac -Nu Couché. Solarized silver print,1938

Raoul Ubac -Nu Couché. Solarisé , 1938 © Adagp, Paris

Raoul Ubac, La Nébuleuse, 1939 (Photographie publiée dans Noël Arnaud et al., Transfusion du Verbe, Paris, La Main à plume, 1941 et dans Jean Lescure et Raoul Ubac, Exercice de la pureté, s.l., Lucien Carlo, 1942)

Raoul Ubac, La Nébuleuse, 1939 (Photographie publiée dans Noël Arnaud et al., Transfusion du Verbe, Paris, La Main à plume, 1941 et dans Jean Lescure et Raoul Ubac, Exercice de la pureté, s.l., Lucien Carlo, 1942)

 

Raoul Ubac-Nu ,1935 Un autre tirage recadré a été reproduit dans Violet la même année, sous le titre La grande fleur vaginale. ( propriété Jacques Hérold, Paris )

Raoul Ubac-Nu ,1935 Un autre tirage recadré a été reproduit dans Violet la même année, sous le titre La grande fleur vaginale.
( propriété Jacques Hérold, Paris ) © Adagp, Paris

Raoul Ubac- Objets reliés, 1942

Raoul Ubac- Objets reliés, 1942 © Adagp, Paris

 

Raoul Ubac- Objet, 1935

Raoul Ubac- Objet, 1935 © Adagp, Paris

Raoul Ubac – Nature morte 1943 © Georges Meguerditchian © Adagp, Paris,

 

Raoul Ubac- Surimpression ( collection André Breton)

Raoul Ubac- Surimpression ( collection André Breton) © Adagp, Paris

 couverture pour Raoul Ubac and Camille Bryen-"Actuation poétique" , 1935

couverture pour Raoul Ubac (Raoul Michelet) et Camille Bryen – « Actuation poétique », 1934

Denise Colomb- Raoul Ubac, 1953

Denise Colomb- Raoul Ubac, 1953