Marguerite Duras, in “La pluie d’été »

« La nuit il regretta.
La mort.
Les chiens.
L’enfance, il regretta, beaucoup, beaucoup.
L’amour, il regretta.
L’amour, il regretta au-delà de sa vie, au-delà de ses forces.
L’amour d’elle.
Les ciels d’orage
La pluie d’été.
L’enfance.
Jusqu’à la fin de la vie, l’amour d’elle.
Et puis un jour, il lui était venu le désir ardent de vivre une vie de pierre.
De mort et de pierre.
Une fois, il ne regretta pas.
Plus rien il regretta.
Ça avait été pendant cette nuit-là, que tomba sur Vitry la première pluie d’été. Elle tomba sur tout le centre-ville , le fleuve, l’autoroute détruite, l’arbre, les sentes et les pentes des enfants, forte et drue comme un flot de sanglots. »

Marguerite Duras, in “La pluie d’été »